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En interrogeant la base de données de VIN® avec les mots clés “renal, urinary, disease, horse”, ce ne sont pas moins de 300 publications dans des revues indexées (1983-2011) et 65 actes de congrès (2002-2011) qui sont sélectionnés. C’est dire l’intérêt de l’ensemble de la communauté scientifique vétérinaire pour ce chapitre de la pathologie du cheval adulte ou non, un peu délaissé en pathologie équine : d’une part, les publications les plus intéressantes sont relativement récentes, d’autre part, les affections rénales, des voies urinaires et du bas appareil présentent des différences par rapport aux carnivores domestiques en terme de prévalence et d’incidence. L’analyse d’urine est trop souvent négligée pour des raisons pratiques de recueil des urines, mais aussi parce que cet acte n’est pas véritablement rentré dans la routine comme cela est le cas dans d’autres espèces. Pourtant, cette analyse peut apporter beaucoup de renseignements sur l’ensemble de l’appareil urinaire et sur son fonctionnement, en tenant compte des particularités spécifiques notamment le pH et la présence de cristaux, parfois en quantité importante de carbonate de calcium. Le clinicien bénéficie aujourd’hui d’autres moyens d’investigations, en particulier échographiques et endoscopiques qui, par ailleurs, permettent de réaliser des prélèvements histo-cytologiques de qualité, autorisant une certaine finesse diagnostique.
Les deux anomalies dominantes de l’écoulement des urines sont l’urolithiase et l’incontinence. - L’urolithiase est bien connue depuis longtemps et sa prise en charge fait une large place à l’exérèse chirurgicale. La présence de calculs dans l’appareil urinaire est la seule véritable cause d’inconfort justifiant que l’on parle abusivement de coliques urinaires, à l’instar des coliques néphrétiques chez l’homme. La prise en charge de l’urolithiase ne fait pas appel à des régimes calculolytiques mais bénéficie, pour la prévention des récidives, de consignes nutritionnelles adaptées. - L’incontinence est intéressante à connaître en raison de sa relative fréquence et aussi, parce qu’elle peut faire partie du tableau clinique de maladies générales du système nerveux, infectieuses (comme l’herpesvirose(, ou non (comme le syndrome queue de cheval). Sa prise en charge thérapeutique constitue toutefois, le plus souvent, un défi que le clinicien et le propriétaire ne relèvent qu’avec un succès limité. - L’insuffisance rénale aiguë est relativement fréquente. Elle accompagne parfois des situations pathologiques comme les coliques, les toxémies et intoxications diverses, les myosites mais aussi certaines maladies infectieuses comme la leptospirose, la gourme ou la salmonellose par exemple. Son approche diagnostique est assez aisée, quoique le clinicien dispose de peu de moyens biologiques pour repérer un dysfonctionnement qui entraîne une atteinte de moins de 75 p. 100 des néphrons. Sa prise en charge thérapeutique est causale, quand cela est possible, et symptomatique, en assurant le maintien d’une perfusion rénale adéquate, et en évitant le recours inutile systématique aux molécules diurétiques comme cela est démontré et admis en médecine humaine. Les dysfonctionnements chroniques rénaux et l’insuffisance rénale chronique sont de plus en plus documentés. Comme la médicalisation du cheval augmente, la longévité, et l’exposition des chevaux à des substances néphrotoxiques (xénobiotiques, différents toxiques ou toxines végétales) ou à des pathogènes (entraînant des réactions immunologiques responsables du dépôt de complexes immuns sur la membrane basale des glomérules) expliquent la relative fréquence des néphropathies chroniques dans l’évolution desquelles une insuffisance rénale peut s’installer. En lisant l’ensemble des articles de ce numéro du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine consacré aux affections urinaires, le praticien trouvera l’illustration des développements précédents. Il sera, à n’en pas douter, convaincu de la nécessité d’une approche rationnelle et systématique de l’appareil urinaire, en pratiquant davantage d’analyses d’urines, et en inscrivant, dans la liste des diagnostics différentiels de certaines situations cliniques, les différentes affections urinaires, en choisissant les investigations complémentaires adaptées, biologiques, échographiques, endoscopiques ou histo-cytologiques. ❒
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