|
L’homme et la femme accordent une très grande importance à leur santé buccale pour de nombreuses raisons qui relèvent de la médecine mais aussi des aspects relationnels et psychologiques qui caractérisent les rapports humains. La bouche et les dents sont au carrefour de toutes les rencontres, d’abord avec les aliments nécessaires à l’équilibre nutritionnel et source d’un plaisir organoleptique renouvelé. Mais la bouche peut aussi être considérée comme une vitrine essentielle à la satisfaction des plaisirs narcissiques et à l’établissement de relations de séduction entre les êtres humains. Ce n’est pas un hasard si l’examen buccal occupait une grande place dans la sélection et l’évaluation marchande des esclaves. Ce n’est pas un hasard non plus si l’examen buccal occupait une grande place dans l’établissement d’un bilan de santé chez les chevaux et dans l’estimation de leurs performances, … Le chien et le chat, animaux de compagnie ou de travail, n’échappent pas à ces considérations. L’examen visuel de la bouche est très facile puisqu’il suffit de l’ouvrir et de l’observer. Pourtant, beaucoup de propriétaires et de vétérinaires omettent encore cet examen essentiel. Le premier signe d’appel pour le propriétaire reste souvent la mauvaise haleine*, ou plus grave, l’observation de symptômes plus inquiétants tels qu’un ptyalisme ou une dysphagie alors que le premier symptôme précoce et facile à observer est l’inflammation de la gencive sur son bord marginal. La gingivite se traduit d’abord par un changement de couleur avec ou sans saignement, qu’il soit provoqué ou spontané. Dès ses premiers stades, la gingivite doit attirer l’attention du clinicien sur l’existence d’un problème sous-jacent et sur la nécessité d’engager la recherche d’une affection causale pour, après le diagnostic symptomatique, établir le diagnostic étiologique. La maladie parodontale est la maladie la plus répandue, elle peut se développer dès le plus jeune âge et, avec le vieillissement, sa fréquence augmente inexorablement. Passé l’âge de la jeunesse, elle est la première cause de perte des dents chez le chien et le chat comme chez l’homme. Si cette maladie est inévitable, elle peut cependant être contrôlée et son évolution ralentie. Les mesures les plus efficaces sont d’abord d’ordre préventif, leur mise en œuvre suppose cependant un diagnostic précoce, qui repose sur l’observation d’une gingivite. Idéalement, les mesures prophylactiques sont à mettre en œuvre au stade de la maladie parodontale débutante, avant l’installation de lésions irréversibles. La gingivite est donc le premier clignotant, le premier signe d’appel, le premier stimulant à une entrée en action. Outre la possibilité de diagnostiquer une gingivite, le geste d’ouvrir la bouche et d’observer la cavité buccale permet de découvrir de nombreuses autres affections dentaires ou buccales. C’est une occasion unique de s’investir dans un domaine sous-exploité pour le bénéfice de nos clients, animaux et propriétaires, et de nos entreprises. Aussi, dans ce dossier spécial gingivites, LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline propose un rappel des bases anatomiques et physiologiques nécessaires pour comprendre le rôle de la gencive et sa capacité à réagir face aux multiples agressions. Ce dossier ne concerne pas les inflammations des muqueuses buccales autres que gingivales, et, à ce titre, le complexe gingivo-stomatite chronique du chat n’est pas développé car il concerne l’ensemble de la sphère buccale. Le centre de gravité de ce dossier est focalisé sur la maladie parodontale et le contrôle de la plaque dentaire, sous ses aspects techniques, sans oublier les aspects relationnels avec les clients. La présence d’un animal de compagnie dans une famille a de nombreuses vertus. Le vétérinaire, lorsqu’il réussit à attirer l’attention de ses clients sur l’importance de la santé buccale, ce qui passe par un examen régulier des gencives, dépasse son rôle de médecin des animaux, il remplit aussi une fonction pédagogique en participant à l’éducation de ses clients, de leurs enfants. La médecine avec ses aspects préventifs et curatifs est universelle, ce qui s’applique aux animaux concerne aussi les humains et inversement. C’est ce que le slogan “one world, one health” a mis en valeur au cours de l’année vétérinaire 2011. ❒
|
|