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L'analyse du comportement fait partie intégrante de la démarche clinique, à la fois en médecine individuelle ou collective. Ainsi, dans la méthodologie de l’examen clinique des bovins proposée par Gustav Rosenberger en 1964, le comportement est placé au même niveau que l’aspect général, l’état corporel, la fréquence respiratoire ou encore la température, dans l’étape diagnostique que constitue l’examen général ; les troubles du comportement y sont classés en réactions sensitivo-motrices accrues (excitation) ou réduites (dépression, apathie, somnolence, coma, parésie, paralysie) et en comportements pathologiques, parfois presque pathognomoniques d’une affection.
L’éthologie, au sens restreint et moderne, soit l’étude objective et scientifique des comportements animaux, reste une science récente, puisque développée dans la première moitié du XXe siècle. En productions bovines, des avancées significatives ont été réalisées aux cours des dernières décennies, dans un objectif à la fois descriptif et analytique des comportements normaux et anormaux, mais aussi dans un souci pragmatique d’interaction homme-animal.
Si l’approche rapportée par cet illustre clinicien allemand semble convenir à la médecine individuelle, le champ d’application des approches plus récentes oscille entre l’individu et le troupeau, et s’adapte aisément à la médecine collective bovine. Le comportement représente une entité large, et seuls les points liés à la pathologie ou d’intérêt vétérinaire sont abordés. Les notions d’éthiques et de bien-être animal sont donc écartées. Ce dossier du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé sur “Comportement et santé” débute logiquement par un rappel des bases de cette science et de l’observation des bovins (L. Mounier), puis des principes et des applications des relations homme- animal (X. Boivin, L. Mounier) ; il offre au praticien un cadre d’analyse pour une juste appréciation et interprétation des comportements individuels et collectifs. Rosenberger soulevait déjà la nécessité d’une approche rationnelle du comportement en médecine bovine.
Le comportement concerne tous les domaines de la médecine collective bovine, à la fois comme facteur de risque d’affection, et/ou comme outil diagnostique de ces affections. Cette double approche s’applique au comportement social (L. Mounier, A. Boissy), alimentaire (L. Commun), environnemental (logement) (J. Lensink, H. Leruste) et sexuel. Les trois premiers types de comportement sont développés, le comportement sexuel a déja été traité dans un précédent numéro*.
Les mécanismes physiopathologiques reliant le comportement et la santé restent toutefois assez flous ; des hypothèses d’effets directs et indirects sont avancées (D. Raboisson, F. Schelcher). L’action immunomodulatrice du stress induit par les perturbations des com- portements sociaux, environnementaux, alimentaires, voire sexuels, liés aux pratiques d’élevage, reste l’hypothèse majeure à ce jour.
L'ensemble des points abordés devrait donc permettre au lecteur d’appréhender avec rigueur le comportement des bovins au quotidien, et d’utiliser cette information comme outil diagnostique ou facteur de risque d’affection, tant à l’échelle individuelle que collective. Outre ce dossier, ce numéro propose un article sur la vaccination contre la maladie de Gumboro (N. Eterradossi, D. Toquin), qui complète la série des articles consacrés à la vaccination en aviculture, publiés récemment dans le hors-série “Vaccins et vaccination”, dédié aux nouvelles perspectives offertes par le renouveau spectaculaire des outils et des concepts de la vaccination pour les animaux de rente. De même, les articles consacrés à la F.C.O. dans ce numéro (B. Mounaix), sur le bilan technico-économique de l’épizootie 2007, et sur la baisse observée des naissances dans la filière allaitante en 2009, complètent les informations sur l’état actuel et les perspectives de la vaccination contre la F.C.O. du même hors-série, en quantifiant divers aspects de son impact sanitaire.
Enfin, l’étude de cas consacrée aux conséquences d’une infection mammaire à Staphylococcus aureus en troupeau laitier permet, pour la 1re fois en France, d’attirer l’attention sur le caractère zoonotique de la contamination en élevage. Bonne lecture. ❒
NOTE
* Dossier spécial “L’infécondité des ruminants : abord individuel”, dans LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé, 2008;8(2):198-230.
Pour en savoir plus
● Rosenberger G. Examen clinique des bovins. Méthodes, résultats, interprétations. Traduction française de J. Espinasse. ed Le point vétérinaire, Maisons- Alfort, 1979;526 p.
Sur le comportement sexuel :
● Disenhaus C. La détection des chaleurs chez la vache laitière : du comportement au conseil. Le Nouveau Praticien Vét. élevages et santé, 2008;8(2):215-9.
● Gérard O. Le taureau de monte naturelle : mâle aimé ou mal aimé ? Le Nouveau Praticien Vét., élevages et santé, 2008;8(2):226-30.
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