Le contrôle des maladies infectieuses chez les animaux est une des activités principales du vétérinaire praticien en productions animales et à l’échelle mondiale. Cependant, les stratégies mises en place varient considérablement entre les pays, au sein même de l’Europe.
Dans les pays d’Europe du nord, l'approche préventive des troubles cliniques est systématique, de même que la volonté d’éradiquer les maladies infectieuses qui ont des conséquences médicales, économiques, en bien-être animal ou à impact zoonotique. Le virus herpès bovin de type 1 a été éradiqué, le virus de la maladie des muqueuses l’est quasiment, des programmes d’éradication contre, par exemple, les salmonelloses, existent et certains chercheurs évoquent la mise en place de futurs programmes contre le virus respiratoire syncytial bovin, le coronavirus bovin ou Escherichia coli O157.
La vaccination n’est que très rarement envisagée et les mesures sanitaires sont privilégiées. Il est clair que l’éradication de certaines infections est facilitée par la faible densité d’exploitations (bien que relative dans le sud de la Suède ou au Danemark), ou encore, parce que la quasi totalité des filières de productions sont intégrées, mais ce ne sont pas les seules raisons.
Au niveau de l’élevage, les producteurs, avec l’aide et l’adhésion des professionnels de la santé animale, ont opté pour la mise en place et le respect de mesures simples de biosécurité permettant de prévenir l’introduction d’agents infectieux. Par exemple, les intervenants extérieurs à un élevage doivent respecter des procédures de désinfection entre chaque élevage pour les habits de protection et les bottes, ou bien encore utiliser du matériel unique ou qui puisse être désinfecté entre chaque élevage.
D’autre part, sur la base de résultats scientifiques, pour une bonne partie obtenues lors d’études financées par les producteurs, les organisations agricoles en partenariat avec les groupements professionnels vétérinaires et les centres de recherche en santé animale, identifient les mesures prioritaires et les programmes à mettre en place dans les élevages. Il en résulte que les différents acteurs de la production concernée sont en plein accord pour l’application et le respect des actions décidées.
La stratégie en matière de santé animale des pays nordiques correspond aussi à un besoin qui peut être qualifié de “culturel” car bon nombre de consommateurs veulent avoir accès à des produits dits “bio” et obtenus dans les conditions optimales de respect du bien-être animal.
Le désir d’utilisation minimale d’antibiotiques en médecine animale (comme humaine) correspond à la fois à une volonté de limiter l’émergence de résistances bactériennes et surtout, traduit le fait que des conditions optimales de bien-être animal ont été mises en place dans les différents systèmes de productions animales.
Mais depuis peu, la Scandinavie doit faire face à un réel challenge avec l’émergence de maladies transmises par des arthropodes comme la Fièvre Catarrhale Ovine : dans ce cas, les mesures de biosécurité ne sont que très peu efficaces contre les Culicoïdes !
Il serait sûrement irréaliste de vouloir transposer la stratégie de contrôle des maladies animales mise en œuvre dans les pays nordiques à celles des pays du reste de l ́Europe. Cependant, chez ces derniers, il est légitime de se demander si les affections et les pratiques curatives observées dans certaines productions sont une réalité avec laquelle nous devons vivre, ou bien si le développement ou la généralisation des mesures préventives ne pourraient pas être accentuée pour limiter les pertes économiques et les interventions thérapeutiques.
L’état actuel des pratiques vis-à-vis des bronchopneumopathies des bovins allotés qui constitue le thème central de ce numéro du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé illustre bien la nécessité d’un tel questionnement, à la fois pour des raisons d’efficacité et d’image, vis-à-vis de la société. La réponse à cette question aura sûrement des conséquences décisives sur l’attitude du consommateur, qui est au final le décideur, donc sur la pérennité à long terme de certains types de productions animales. ❒
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