Le mot “cancer” provient du mot grec “karkinos”, qui a donné le mot latin “cancri”, désignant une écrevisse et dont Furetière en 1690 donna une définition dans son dictionnaire universel : “ce mal a grand rapport avec cette sorte de poisson” dans la mesure où “il est difficile d’arracher des pinces de l’écrevisse ce qu’elle a une fois attrapé”... Nous nous trouvons à la fin du siècle de Louis XIV lorsque les thérapies chez l’homme se limitaient à la saignée ...
Le cancer est un des grands défis de la médecine moderne tant chez l’homme que chez l’animal de compagnie, nous le savons tous. Nos animaux de compagnie vivent de plus en plus vieux, grâce, notamment, aux progrès médicaux en matière de prévention et de traitement des maladies qu’ils développent.
Dès lors, le vétérinaire est de plus en plus souvent confronté à des maladies néoplasiques, et à la demande grandissante des propriétaires : ceux-ci souhaitent une prise en charge thérapeutique mais aussi plus globale de leur animal pour une meilleure qualité de vie. En effet, si la compétence accrue des vétérinaires, et la mise au point de traitements efficaces jouent un rôle primordial dans la lutte contre le cancer, on ne peut laisser le propriétaire seul face au cancer de son animal.
L’accompagnement médical de l’animal et psychologique du propriétaire fait son entrée parmi les missions du cancérologue qui ne se contente plus d’un diagnostic condamnant l’animal à court terme. Il conduit une démarche rigoureuse permettant de déterminer la nature du cancer, d’évaluer son extension, de prévoir son évolution, de déterminer un pronostic le plus fiable possible, et de proposer des solutions thérapeutiques que le propriétaire éclairé sera alors à même de choisir. Il accompagne ensuite le propriétaire et son animal sur ce long chemin du traite- ment, chemin si douloureux parfois aussi pour le propriétaire, tant la maladie peut faire résonner en lui son propre vécu ou ses propres craintes.
Ces données incontournables de la cancérologie sont aujourd’hui enseignées dans nos écoles vétérinaires, à tous les niveaux d’études, depuis la formation en tronc commun jusqu’au résidanat européen de création récente qui fera émerger les premiers spécialistes français de ce domaine.
Et, face à l’essor sans précédent et permanent de la recherche en oncologie vétérinaire, explorant tous les domaines, des mécanismes de cancérisation à l’échelon moléculaire jusqu’aux protocoles de chimiothérapie les mieux adaptés à tel ou tel autre type de tumeur, il nous paraît indispensable de disposer régulièrement de mises au point et de réactualisation des connaissances dans cette discipline.
Ce dossier spécial du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline* est ainsi consacré aux nouveautés diagnostiques et thérapeutiques des principales tumeurs du chien et du chat et permet, entre autre, de définir le cadre de l’utilisation de certains moyens thérapeutiques déjà anciens, tels que l’administration d’anti-Cox2 actuellement mieux connus, ou plus novateurs tels que les inhibiteurs des tyrosines kinases, cibles thérapeutiques très prometteuses en cancérologie humaine également. C’est en 1982 que le Petit Larousse illustré fit entrer le mot “oncologie”, du grec “ongkos“ (grosseur). “Oncologie” est ainsi un terme moins meurtrissant, sans volonté alarmante qui désigne simplement l’étude des grosseurs. Les pinces de l’écrevisse se desserrent et reculent face aux progrès médicaux qui font de la guérison ou de la rémission une réalité de plus en plus fréquente !
Alors, ayant observé l’évolution de l’oncologie vétérinaire depuis une quinzaine d’années, c’est un message d’espoir que je voudrais vous adresser. Car faire de l’oncologie vétérinaire aujourd’hui, c’est être tourné résolument vers l’avenir ... Saint-John-Perse écrivait “Une lampe survit au cancer de la nuit”. Et l’on sait que la nuit tend inéluctablement vers le jour ...
* Ce numéro complète et réactualise le dossier spécial LE CANCER : abord thérapeutique N°12 (mai 2003)
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