éditorial

Nous sommes amenés

à rencontrer la fourbure

dans notre pratique ambulatoire,

dans tous les types d'écuries :

le cheval de loisir,

isolé dans son pré,

tout comme le cheval athlète,

Pur-Sang de course

ou Selle français de saut d'obstacles, peuvent être atteints ...

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Jean-Philippe Germain

Clinique Équine de la Brousse

Route de Launac

31330 Grenade-sur-Garonne




Depuis l’Antiquité, la fourbure demeure une maladie invalidante pour le cheval, qui pénalise grandement son utilisation par l’Homme. C’est à plusieurs titres, un défi.


Pour le praticien vétérinaire, c’est un défi en raison de l’urgence du diagnostic et de la mise en œuvre d’un traitement. En effet, par la douleur et les séquelles qu’elle engendre, la fourbure doit être diagnostiquée aussi précocement que possible afin d’enrayer son évolution physiopathologique. Mais là encore, c’est un défi clinique parfois frustrant, surtout dans sa phase chronique. Si de nombreuses approches thérapeutiques sont permises, certaines révèlent de bons résultats chez certains animaux alors qu’elles s’avèrent totalement inefficaces dans d’autres cas où le vétérinaire doit se résoudre à proposer l’euthanasie de l’animal.

La prévalence et l’incidence de cette affection - 2 p. cent chaque année aux États-Unis - exigent également que le vétérinaire en ait une bonne connaissance car il est inéluctablement amené à la rencontrer dans sa pratique ambulatoire, dans tous les types d’écuries. Le cheval de loisir, isolé dans son pré, tout comme le cheval athlète, Pur-Sang de course ou Selle français de saut d’obstacles, peuvent en effet, être atteints.


La population de candidats potentiels à la fourbure découle de la grande diversité des situations qui peuvent conduire à cette affection. L’endotoxémie reste le facteur déclenchant le plus souvent mis en cause, mais un excès glucidique dans la ration, une affection sur le membre controlatéral ou le syndrome de Cushing sont d’autres exemples connus d’étiologie de la fourbure.

Même si cela semble rare, le praticien doit aussi garder à l’esprit les risques de fourbure iatrogéniques lorsqu’il prescrit des glucocorticoïdes chez le cheval.


La fourbure est aussi un défi pour la recherche fondamentale.

De multiples théories se complètent, voire s’affrontent pour expliquer la genèse de cette nécrose de la jonction dermo-épidermique du sabot. Alors que la théorie enzymatique impliquant les métallo-protéases matricielles (M.M.P.) semblait tenir le haut du pavé, une récente étude du l’université du Massachusetts relègue leur production excessive au rang des conséquences de la cascade inflammatoire en place dans la pathogénie de la fourbure [1].

Tous ces défis constituent autant de raisons qui justifient que nous consacrions un numéro du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine à cette affection. En conservant toujours une approche pratique, fondement de cette revue de formation continue, les articles de ce dossier spécial fourbure font un état des lieux des nombreuses théories et des connaissances actuelles concernant l’étiologie et la physiopathologie de cette affection du doigt des équidés [2] (article de R. Perrin).

Ces données s’appuient sur une bonne maîtrise de l’angiologie du doigt du cheval (article de H. Chateau). Le diagnostic à la fois clinique et fondé sur l’imagerie médicale est ensuite détaillé dans plusieurs articles (articles de C. Piccot-Crézollet, et de M. Rosengarten, J. Olive, J.-L. Cadoré) afin de pouvoir aborder les aspects de maréchalerie, dénominateur commun de toute approche thérapeutique du cheval fourbu (article de L. D’Arpe, A.-G. Heitzmann, F. Rossignol et coll.).

Quoiqu’il en soit, nous veillerons à garder beaucoup d’humilité face à cette affection à l’évolution toujours incertaine et à l’issue parfois sombre, et à encourager la recherche, car nous sommes loin d’avoir fait le tour de la fourbure qui, telle la partie immergée de l’iceberg, recèle encore de nombreuses énigmes.



Références

1. Loftus JP, Black SJ, Pettigrew A, coll. Early laminar events involving endothelial activation in horses with black walnut- induced laminitis. Am J Vet Res. 2007;68(11):1205-11.

2. Pollitt CC, Davies CT. Equine lami- nitis : its development coincides with increased sublamellar bood flow. Equine vet J Suppl. 1998;26:125-32.


 



Sauter N°17, volume 5, 2008

N°17, volume 5, 2008

Sauter sommaire

sommaire

Éditorial par Jean-Philippe Germain
Test clinique - Un cas d’épithélioma sur un étalon Jean-François Bruyas, Frédérique NGuyen, Béatrice Lijour

CHEVAL ET ÉQUIDÉS
- Comprendre la physiopathologie de la fourbure chez le cheval Roland Perrin
- La vascularisation du doigt chez le cheval Henry Chateau
- Conduite à tenir diagnostique et thérapeutique face à une fourbure aiguë chez le cheval Cyrille Piccot-Crézollet, Julien Olive, Jean-Luc Cadoré
- Imagerie - L’imagerie du pied fourbu : revue et perspectives Marine Rosengarten, Julien Olive, Jean-Luc Cadoré
- Maréchalerie et fourbure chez le cheval Lorenzo D’Arpe, Aude-Gaëlle Heitzmann, Fabrice Rossignol, Valérie Deniau, Richard Corde, Danièle Bernardini

ÂNE, PONEY
- La castration : les différentes techniques chez l’âne
Ahmed Chabchoub, Ahmed Tibary, Pierre-François Mazeaud, Rym latrach

RUBRIQUES
- Nutrition - Comment nourrir un équidé avant et après un épisode de fourbure Géraldine Blanchard
- Réglementation - Insémination artificielle équine et collecte de sperme équin : le nouveau cadre réglementaire Laurent Mangold, Jean-François Bruyas
- Comportement - Les troubles du comportement sexuel chez l’étalon Guillaume Niger
- Observation clinique - Ovariectomie unilatérale par laparoscopie chez la jument Franck Pénide

REVUE DE PRESSE INTERNATIONALE
- Rubrique dirigée par Jean-Luc Cadoré, Louis-Marie Desmaizières, Jean-Philippe Germain - Un panorama des meilleurs articles d’équine : notre sélection par Coline Borel, Céline Chadufaux, Marion Deluzurieux, Florence Lecarpentier, Céline Molitor, Virginia Mottini, Anne Savoie, Aurélie Thomas, Bérénice Tilliette

Test clinique - les réponses