Établir un diagnostic précis peut s’avérer difficile en cas d’affections du sinus. L’endoscopie des sinus, ou sinusoscopie, est un examen complémentaire aux examens cliniques et d’imagerie, facile à réaliser sous tranquillisation. Elle est très utile pour le diagnostic, notamment lors de sinusite primaire, de kystes sinusaux ou d’hématome progressif de l’ethmoïde.

La maîtrise de l’anatomie des sinus est primordiale pour la réalisation et l’interprétation de l’endoscopie. Le sinus maxillaire rostral communique avec le sinus conchal ventral (ou bulle conchale), mais qu’ils sont indépendants des autres sinus qui communiquent tous avec le sinus maxillaire caudal.

Des abords directs sont décrits pour accéder aux trois sinus les plus volumineux, les sinus maxillaires et le sinus conchofrontal.

Cependant, étant donné le risque de lésions collatérales et l’espace limité dans le sinus maxillaire rostral, la technique avec abord par le sinus conchofrontal permet ensuite l’accès aux sinus maxillaire rostral et conchal ventral grâce à une perforation de la bulla conchalis est souvent préférée par rapport aux abords directs. Elle permet une bonne visualisation de toutes les structures, à l’exception des racines de la dernière prémolaire. De plus, grâce à la perforation de la bulle conchale, une communication entre tous les sinus est établie, ce qui permet le lavage par un seul orifice.

Monika Gangl

Monika Gangl est Diplomate de l’European College of Veterinary Surgery (ECVS) , praticien hospitalier en chirurgie équine, au Campus Vétérinaire de Lyon, Vetagro-Sup

1996 : Diplômée de la Faculté de Médecine Vétérinaire de l’Université de Berne, Suisse,
1997 : Internat en Médecine Vétérinaire des grands Animaux à la Faculté de Médecine Vétérinare de Liège, Belgique,
1998-2005 : Assistante et Réalisation du Résidanat dans le Service de Chirurgie des Grands Animaux à la Faculté de Médecine Vétérinaire de Liège, Belgique.
2006-2013 : Praticien Hospitalier, Pôle équin, Vetagro-Sup, Campus Vétérinaire de Lyon

Des clichés radiographiques de qualité restent le premier examen à mettre en œuvre pour détecter une affection sinusale, après l’examen clinique et l’examen endoscopique des voies respiratoires supérieures.
Des modifications d’opacité, la présence de lignes de niveau, des effets de masse et des remaniements osseux constituent les principales anomalies radiographiques pouvant être observées au sein des sinus.
L’interprétation de cet examen est néanmoins difficile, et les conclusions à en tirer sont souvent partielles.
L’avènement des techniques d’imagerie tomographiques (Imagerie par résonance magnétique, tomodensitométrie) a révolutionné le diagnostic des affections sinusales,

car elles permettent de s’affranchir des superpositions qui limitent la pertinence de l’examen radiographique. Elles apportent des informations déterminantes concernant la localisation et l’étendue des lésions mises en évidence, très utiles lorsqu’un traitement chirurgical est envisagé ou pour préciser le pronostic. La scintigraphie, couplée à la radiographie, présente un intérêt dans la détection des infections périapicales responsables de sinusites dentaires, mais elle est en pratique peu utilisée. L’utilisation de ces techniques est encore limitée par leur accessibilité (centre de référence), par leur coût élevé, et les risques liés à une éventuelle anesthésie générale.

Aurélie Thomas

Aurélie Thomas est résidente du Collège Européen d’Imagerie, section Grands Animaux (ECVDI-LA) à Vetagro-sup (Campus vétérinaire de Lyon (centre principal)).

2008 : diplôme de Docteur Vétérinaire (Vetagro-sup, Campus Vétérinaire de Lyon
2008-2009 : Internat en médecine et chirurgie équine (Vetagro-sup, Campus vétérinaire de Lyon)
2009-2010 : Clientèle équine ambulatoire
2010-2013 : Chargée de consultation en imagerie équine (Vetagro-sup, Campus vétérinaire de Lyon)

Le diagnostic des affections sinusales du cheval reste un défi pour le praticien. En raison de la complexité anatomique de la tête, il est souvent nécessaire d’avoir recours à plusieurs modalités d’imagerie médicale diagnostique. La radiographie et l’endoscopie sont des étapes initiales indispensables au diagnostic mais elles présentent des limites. La radiographie a une relativement bonne spécificité mais une mauvaise sensibilité pour le diagnostic des lésions sinusales et dentaires. L’endoscopie apporte des informations complémentaires intéressantes mais l’exploration des sinus est invasive, comporte des complications potentielles et reste incomplète.

Grâce à son excellente discrimination des tissus mous, l’imagerie par résonance magnétique (IRM) offre des possibilités intéressantes dans l’exploration des sinus. Les lésions des tissus mous en général et les néoplasies en particulier sont de très bonnes indications pour l’IRM.
En revanche, certaines lésions comme les infections apicales peuvent être difficile à objectiver. Le scanner (TDM) est sans conteste la technique de choix pour toutes les lésions traumatiques, et est un excellent moyen de diagnostic pour les lésions des tissus mous ou dentaires. Pour le chirurgien, l’utilisation de techniques de coupes permettant de reconstruire des images tridimensionnelles présente un net avantage dans la planification pré-opératoire.

Mots clés :

Caroline Tessier

Caroline Tessier est maître de conférence en chirurgie équine.

1995-2000 : études vétérinaires à Nantes
2000-2001 : internat équin au Canada
2001-2004 : résidanat chirurgie équine Michigan State University, USA
2004-2005 : poste de chirurgien équin, Cornell University, USA
2005-2009 : poste de chirurgien équin, Faculté Vétérinaire de Berne, Suisse
Depuis 2009 : maître de conférences, chirurgie équine, Oniris.

Les kystes sinusaux représentent environ 13 p. cent des sinusites contre 8 p. cent pour les tumeurs sinusales. L’étiologie des kystes n’est pas, à ce jour, clairement identifiée tout comme les facteurs prédisposant aux tumeurs sinusales. Il n’y a pas de signe pathognomonique lors de ces deux affections sinusales mais un jetage avec déformation de la face sont des éléments évocateurs.
Le diagnostic est établi grâce à des examens d’imagerie, radiographie et sinusocopie en premier lieu, éventuellement tomodensitométrie.
Le traitement au laser par voie nasale permet souvent d’améliorer





Cancérologie, médecine, chirurgie, kyste, tumeur, sinus

Les sinusites infectieuses sont des affections relativement fréquentes chez les équidés. Les infections primaires sont d’origine bactérienne, ou plus rarement fongique ou parasitaire. L’infection peut aussi être secondaire à une affection dentaire (infection apicale ou fistule oro-maxillaire).
Un jetage nasal (muco)purulent unilateral, plus ou moins malodorant, associé à une lymphadénite mandibulaire ipsilatérale sont les signes cliniques les plus fréquents. D’autres signes peuvent survenir en fonction de la nature et de la chronicité de l’infection, et notamment une déformation faciale, un épiphora, une obstruction des voies nasales,

ou encore des troubles neurologiques si l’infection est étendue à l’encéphale ou au tronc cérébral. Un examen clinique et buccal minutieux, et des examens complémentaires (radiographie, endoscopie, et sinusocentèse) permettent de localiser et de déterminer la nature précise de l’infection. Dans la majorité des infections chroniques ou secondaires, un traitement médical seul n’est pas suffisant et un débridement avec lavage sinusal est nécessaire, associé si besoin à une extraction dentaire. Le pronostic vital et sportif est bon dans la grande majorité des cas avec un traitement adapté.

Mots clés :

Marianne Depecker

Marianne Depecker est Praticien Hospitalier en médecine interne des équidés (Ecole Vétérinaire de Nantes), et en 2ème année de thèse universitaire (sur le thème des hémorragies pulmonaires induites par l’exercice chez les chevaux Trotteurs Français).

2007-2008 : Internat en médecine et chirurgie des équidés à VetAgroSup
2008-2010 : Assistanat en médecine ambulatoire, urgence et anesthésie à la Clinéquine, VetAgroSup (Ecole Vétérinaire de Lyon)
2010-2013 : Résidanat en médecine interne des équidés à ONIRIS-CISCO.

Le diagnostic précis ainsi que le traitement des sinusites secondaires chez le cheval sont souvent un défi particulièrement quand une dent est impliquée. La sinusite d’origine dentaire se classe comme première entité dans le diagnostic différentiel des sinusites secondaires.
Les affections dentaires menant vers la sinusite secondaire sont diverses mais le plus fréquemment des fractures dentaires, des diastèmes et des caries pulpaires ou infundibulaires sont à l’origine de l’infection sinusale.
La clé dans la résolution d’une sinusite secondaire d’origine dentaire (SSD) est d’abord d’en trouver la cause ! Pour ce faire, une approche systématique et souvent répété dans le temps est nécessaire.
Un examen complet et minutieux de la bouche, incluant une palpation et inspection visuelle à l’aide d’un miroir dentaire ou d’un endoscope buccal forme la base minimale lors de l’investigation orale.
Un traitement antibiotique, sans examen approfondi préalable, n’est pas une approche justifiable.
Des techniques radiographiques specifiques permettent de définir au mieux, sans superposition des racines dentaires ou de la couronne fonctionnelle les affections dentaires.

Dans le traitement des sinusites, il est conseillé de préserver au plus longtemps la dent suspecte. Seulement dans les cas ou une dent est identifiée par certitude comme étant la cause de l’infection, celle ci est extraite. La méthode de choix est une extraction sur cheval debout par voie orale. Cette méthode se traduit par un faible taux de complications comparée aux techniques d’explusion.
Dans les cas persistant, l’investigation du sinus et le retrait d’éventuel pus induré (particulièrement dans le sinus conchal ventral) ou des séquestres osseux résiduels sont recommandés.
Un diagnostic précis est la clé d’un succès thérapeutique. Les avancées diagnostiques récentes ont permis de faire avancer les pronostics qui actuellement varient aux allentours des 82 p. cent de réussite. En cas de traitement agressif sans diagnostic précis, les complications sont en revanche nombreuses. Les cas de SSD ne sont pas des urgences auquel il faut adresser un traitement drastique immédiat. Chercher la guidance de spécialiste en imagerie et chirurgie afin de guider les succès thérapeutique des cas de SSD n’est pas un luxe et contribuera aux avancées faites dans la dernière décennie en ce qui concerne le pronostic des pathologies sinusales.

Mots clés :

Denis Verwilghen

Denis Verwilghen est Diplomate de l’European College of Veterinary Surgery (ECVS), et professeur en chirurgie des grands animaux au département de médecine et chirurgie vétérinaire de l’université de Copenhague, au Danemark.

2003 : Il est diplômé vétérinaire de l’université de Gent en Belgique.

Après un court passage en pratique équine ambulatoire, il s’engage dans une résidence, suivie d’un doctorat en sciences vétérinaires à la faculté vétérinaire de Liège.

Avant de rejoindre son équipe actuelle au Danemark, il est responsable du département chirurgical équin à l’université de Uppsala en Suède, puis consultant en chirurgie équine pour L’université de Nottingham en Angleterre.

Denis a un intérêt particulier pour la dentisterie équine ainsi que pour la biosécurité, les principes chirurgicaux fondamentaux et les procédures peu invasives.

La majorité des affections rencontrées au niveau des sinus chez le mulet et l’âne reflète ceux retrouvés chez le cheval, l’approche diagnostic et thérapeutique sont également similaires.
Quelques pathologies sinusales n’ont jamais été décrites chez l’âne, notamment l’hématome progressif de l’ethmoïde.
L’âne semble particulièrement prédisposé à la formation des diastèmes et un examen dentaire complet effectué chaque année est fortement recommandé.
La principale cause des affections sinusales chez l’âne sont d’origine dentaire. Il existe un certain nombre de petites différences dans l’anatomie des sinus des espèces asine et équine

se rapportant à la présence d’un septum entre les sinus maxillaires et la présence et forme du compartiment conchal ventral. Il serait intéressant de faire une étude comparative par sinusoscopie entre les espèces azine et équine.

Mots clés :

Remerciements aux lecteurs arbitres,
et notamment à Sophie Pradier,
pour leur relecture.

Gigi Kay

Gigi Kay est directrice du Fondouk Américain de Fès, une ONG qui offre des soins vétérinaires gratuits aux animaux de travail (ânes et mulets) de la région.
Elle est aussi membre de l’ACE, une ONG qui a un objectif semblable.


1981 : BA de l’université de Cambridge
1985 : MA de l’université de Cambridge
1997 : BVM&S de l’université d'Édimbourg
1997-1999 : Exercice à titre privé au Royaume-Uni
1999-2005 : Directrice Technique la SPANA (ONG marocaine à vocation équine)
2006-2010 : Vétérinaire Senior à la Fédération équestre du Qatar
2007-2010 : Directrice technique de l’ACE (ONG égyptienne)
2010 : Certificat RCVS en pratique vétérinaire avancée (médecine équine)
2010-2011 : Exercice à titre privé en Australie
2011-2013 : Directrice du fondouk Américain à Fès, Maroc

La chirurgie du sinus chez le cheval demande une connaissance anatomique précise de l’anatomie régionale.
Les sinusites primaires (infectieuses) peuvent être traitées par simple trépanation et lavage dans la plupart des cas.
Les sinusites primaires chroniques avec pus solidifié (notamment dans le compartiment conchal ventral) et les sinusites secondaires (masse, infection dentaire, tumeur, traumatisme) nécessitent le plus souvent la réalisation d’un volet osseux.
L’intervention peut être réalisée sous anesthésie générale ou sous tranquillisation (à réserver aux chirurgiens confirmés et lors de localisation précise de l’affection).

Après incision cutanée, trois côtés du volet osseux sont coupés à la scie ou à l’aide d’un ostéotome, le quatrième côté étant fracturé par élévation manuelle du volet. L’extraction d’une éventuelle masse ou de pus solidifié doit être exhaustive afin d’éviter toute récidive.
Le lavage du sinus en phase postopératoire nécessite parfois la création d’un nouvel orifice de drainage lors de l’intervention chirurgicale. Le pronostic esthétique est excellent, ainsi que le pronostic vital (90 p. cent de survie) en l’absence de néoplasme.

Mots clés :

Morgane Schambourg

Morgane Schambourg est responsable du service de chirurgie et d’orthopédie au Sharjah Equine Hospital (Emirats Arabes Unis) et exerce dans plusieurs pays du Moyen Orient.


1998 : Diplômée de l’Ecole Vétérinaire de Nantes
1999-2000 : Internat/IPSAV à la Faculté de Médecine Vétérinaire de Montréal (Canada)
1999-2000 : Doctorat Vétérinaire, Université de Nantes
2000-2003 : Résidence en Chirurgie Equine à la Faculté de Médecine Vétérinaire de Montréal (Canada)
2003-2004 : Professeur assistant et MSc, Faculté de Médecine Vétérinaire de Montréal (Canada)
2004-2006 : Professeur assistant , College of Veterinary Medicine, PEI (Canada).
2006-2007 : Chirurgien, Clinique Vétérinaire de Conques (France)

L’abord des sinus sur cheval debout doit être réalisé dans un environnement adéquat et permettant d’intervenir sous anesthésie générale, si nécessaire. Il limite les pertes sanguines lors de l’intervention tout en offrant une visualisation optimale. L’intervention est réalisée sous sédation et anesthésie locale aux sites d’incision.

L’incision osseuse est généralement réalisée à la scie oscillante sur 3 côtés, et le volet est fracturé sur le quatrième côté.
Le cheval doit cependant être coopératif et cet abord est déconseillé lors d’intervention antérieure sur les sinus, car la réaction osseuse cicatricielle complique l’ouverture du sinus.

Mots clés :
Chirurgie, appareil respiratoire, sinus, volet osseux, cheval debout, tamponnade