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Les tendinites et les desmites sont un motif de consultation très fréquent en pratique équine, et constituent une pathologie majeure, à pronostic souvent réservé, 1re cause de réforme chez les chevaux de course et de sport. Ces affections ont des conséquences économiques majeures, notamment dans la filière sportive équine. Le développement des nouvelles techniques d’imagerie, comme l’imagerie par résonance magnétique (IRM), et l’usage de plus en plus maîtrisé en pratique courante de techniques déjà accessibles, comme l’échographie, a permis d’objectiver et de suivre plus précisément l’évolution des lésions tendineuses et ligamentaires. L’arthroscopie et la ténoscopie se sont également révélées être des outils diagnostiques sensibles lors d’affections intra-synoviales.
Les traitements proposés, tant médicaux que chirurgicaux des tendinites ont fait l’objet de très nombreuses études depuis des décennies, sans qu’aucun ne permette actuellement de garantir un retour performant à la compétition.
Les tendons et les ligaments présentent une structure anatomique très spécialisée et adaptée à la résistance à la traction. Une lésion entraîne une perte de cette organisation. Le processus de cicatrisation, particulièrement lent, est en général incomplet, et ne permet souvent pas au tendon de retrouver ses propriétés structurales et mécaniques originales. Ceci implique un taux important de récidives lorsque les causes ayant provoqué la tendinite se reproduisent (même cause, même effet).
Dans de nombreux cas, les tendons peuvent cicatriser parfaitement avec le repos, l’exercice contrôlé et une bonne gestion orthopédique.
Néanmoins, une réhabilitation longue et rigoureuse est essentielle si l’on veut optimiser les chances de retour en compétition, et surtout limiter les récidives. Cette réhabilitation inclut un suivi clinique et échographique de la cicatrisation, ainsi qu’une mise en charge progressive de la structure impliquée, avec en final le réapprentissage du geste sportif.
Un traitement médical ou chirurgical des tendinites peut présenter un intérêt dans certaines situations. Il a pour objectif de diriger et d’optimiser la cicatrisation tendineuse naturelle pour obtenir, au final, un tendon présentant une structure la plus proche possible du tendon original. Préalablement à tout traitement ou avant toute intervention, les facteurs ayant pu favoriser la lésion tendineuse sont analysés pour essayer d’en limiter leurs effets par un traitement ou une gestion associés (aplombs, ferrure, allures, lésion articulaire associée, méthodes d’entraînement, masse corporelle, … ), ceci encore afin de limiter les risques de récidives. Cette analyse devra être poursuivie toute au long de la réhabilitation.
La médecine basée sur les preuves ou “evidence based medecine” est la seule méthode validée pour juger de l’efficacité d’une thérapie. Or, il existe de très nombreuses variables pouvant influencer l’apparition et la cicatrisation d’une desmite ou d’une tendinite comme l’âge du cheval, ses aplombs, son niveau et son type d’activité, les méthodes d’entraînement, le sol, ... et un cheval ne peut donc souvent se comparer qu’à lui-même. De plus, contrairement à la médecine humaine, il est très difficile d’augmenter le pouvoir statistique par un grand nombre de cas avec un nombre réduit de variables.
Il semble donc aujourd’hui encore difficile de conclure à une technique thérapeutique “gold standard”, mais de nombreuses pistes intéressantes existent, que ce numéro du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine se propose d’explorer.
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