| Il faut développer l’engraissement en France ! Tel est en substance le leitmotiv martelé par les responsables de la filière viande bovine depuis de nombreuses années. Ce souhait est plus que jamais d’actualité. Des incertitudes pèsent en effet sur le devenir des exportations d’animaux maigres par la France : les barrières sanitaires liées à l’apparition de nouvelles maladies (FCO, virus Schmallenberg, …), la concurrence accrue sur les marchés et la volatilité des prix, ainsi que la réglementation plus contraignante sur les transports d’animaux vivants sur de longues distances sont autant de signaux qui poussent les professionnels à chercher d’autres voies de valorisation des animaux maigres. Capter la valeur ajoutée liée à l’engraissement est dès lors fort tentant. Le développement pérenne de cette activité suppose cependant que l’ensemble des acteurs de la filière, au premier rang desquels les éleveurs, y trouvent leur intérêt d’un point de vue économique. Or, comme le montre l’article de Patrick Sarzeaud, le coût de production du jeune bovin a été fortement impacté par la flambée des prix de matières premières depuis 2008, sans répercussion immédiate sur les prix des jeunes bovins payés aux éleveurs. Dans ce contexte, la maîtrise des charges et une productivité accrue des animaux et de la main d’œuvre s’avèrent indispensables. Un des leviers mobilisables pour atteindre ce double objectif est l’amélioration de la maîtrise technique et sanitaire de l’engraissement. C’est l’objet du dossier spécial de ce numéro du NOUVEAU PRATICIEN Vétérinaire élevages et santé consacré à la maîtrise sanitaire de l’élevage en lot, dont le contenu a pour but de fournir au praticien des données récentes sur les dominantes pathologiques de cette production. L’article de Francis. Enjalbert traitant de l’acidose ruminale subaiguë et de ses maladies associées (nécrose du cortex cérébral, abcès hépatiques, …) précise les moyens de maîtrise de cette dominante en pathologie nutritionnelle, dans un contexte de recherche de performances de croissance pondérale élevées. La gestion des risques infectieux liés, entre autres, à la mise en lots d’animaux d’origines souvent diverses, est un enjeu majeur qu’abordent Marie-Anne Lefol et Sébastien Assié dans leur tour d’horizon des principales maladies. Les troubles respiratoires, de par leur fréquence élevée et leur impact économique, y tiennent une place de choix. Leur abord est complexe en raison de la diversité des agents pathogènes et des facteurs de risque impliqués. Les articles de Didier Raboisson et coll. consacrés à la dynamique de contamination par le virus de la Diarrhée Virale Bovine (BVD) et à son impact sur les résultats sanitaires et zootechniques en sont une illustration. La lecture des différents articles de ce dossier souligne l’importance d’une approche plurielle des moyens de maîtrise des principaux troubles : il est nécessaire de combiner des mesures zootechniques visant à limiter les risques (densité, limitation du nombre d’origines différentes dans un lot, transition alimentaire, …) et des interventions sanitaires à visée préventive ou curative, en s’efforçant d’évaluer le rapport coût/bénéfice des actions mises en place (rentabilité). Ce faisant, le vétérinaire contribuera à la réussite du challenge “Développer l’engraissement en France”. Bonne lecture ! ❒
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